Les événements ne s’attardent pas à des détails, ils se produisent, voilà tout. ! Le professeur Bullard acheva ainsi son récit, par cette morale qui dans la salle, en laissa plus d’un dubitatif. Len tenait absolument à rencontrer cet homme. Ils avaient tant de chose en commun. Cette histoire qu’il avait partagé avec l’auditoire, il la comprenait parfaitement. Car c’était sa vie, et il avait toujours su qu’un jour quelqu’un s’y intéresserait. Quelques applaudissements retentirent, qui en entraînèrent d’autres et finalement la salle entière applaudissait le professeur Bullard. Son intervention était la dernière de la journée, plusieurs autres personnalités avaient elles aussi exposés leurs récits, tout le monde étaient exténués et impatient de regagner son foyer. Cette ovation ressemblait à un immense complot, mais le professeur ne s’arrêtaient pas à ce genre de réflexion, il connaissait ce monde. Il rangea ses notes à l’intérieur d’une serviette en cuir, et descendit de l’estrade en prenant soin de bien poser les pieds sur les marches. Des gens tenaient à le voir de plus prêt. On lui serrait la main, le félicitait pour l’originalité de son récit, et puis ils disparaissaient tous dans le même flot de personnes se dirigeant avec la même énergie vers le même point. La sortie. L’une des choses positives dans ce genre de séminaire, c’était que les personnalités invitées avaient leur propre porte de sortie. En l’occurrence il tentait de rejoindre celle ci le plus vite possible. Il n’était pas contre le fait de partager les impressions du public, mais il fallait se rendre à l’évidence que ces gens ne l’approchaient que par pure politesse, ou poussés par une curiosité malsaine. Bref, rien qui avait motivé sa démarche. Et de surcroît, il n’était plus tout jeune. En pénétrant dans le couloir qui menait à la sortie, il s’étonna de le trouver désert. Seulement ce jeune homme qui venait d’entrer à l’instant et qui le regardait maintenant avec les yeux d’un illuminé assistant à la venue du sauveur sur terre. Encore un de ces fanatiques pensa le professeur. Il continua à marcher quand le jeune homme qui se tenait près de la porte l’accosta poliment avec une légère excitation dans la voix.
- Monsieur, je vous attendais, il tendait la main pour que le professeur la lui serre.
- Ecoutez jeune homme vous ne devriez pas être là, c’est uniquement réservé aux…
- Personnalités. Je le sais bien.(Le professeur ne s’était pas arrêter, il ouvrait la porte, suivi de l’importun.), mais ça ne pouvait pas attendre.
Ce garçon n’allait pas tardé à éveiller son intérêt. Il ne manquait pas d’audace et il admirait cela. Il l’avait appelé Monsieur.
- Je ne pouvais pas prendre le risque de vous laissez partir avant…Le professeur s’était arrêter et lui faisait face.
- Avant ? répéta t-il, il semblait avoir été surpris par son revirement.
- Avant de vous dire ceci. Il avala sa salive. Je suis totalement convaincu de ce que vous avez dit sur l’estrade.
Ils se trouvaient tous deux devant le parking de l’auditorium, un vent frais s’était levé, et la nuit ne tarderait pas à tomber. Ce jeune homme attendait une réponse de sa part, il lui dit :
- Vous savez, je viens de parler pendant plus d’une heure et demi devant des visages si insensibles qu’on aurait dit des galets sur une plage. Je m’apprêtais à rentrer chez moi avec la certitude d’avoir perdu mon temps et vous arrivez…
- Monsieur…
- Laissez moi terminer. Je crois que vous êtes honnête. Et je crois que vous êtes peut être même le seul. Il lui présenta sa main. Je vous serre la main avec plaisir. Le jeune homme lui tendit à nouveau la sienne avec une joie qu’il tentait maladroitement de contenir.
Le professeur ouvrit sa serviette et fouilla dans une des petites poches pour en sortir une carte qu’il lui remis.
- Tenez. Sur cette carte vous avez mon numéro de téléphone, et l’adresse de mon cabinet, je serai heureux de vous y recevoir pour continuer cette discussion. Mais pour l’instant j’ai besoin de repos ! Il quitta le jeune homme, qui fixait la carte comme s'il s’agissait d’un lingot d’or, pour se faufiler entre les voitures.

Enfoncer ses pieds dans le sable chaud d’une plage quasi-déserte réveillait au plus profond de Lys, des envies de liberté, sentiments qu’elle croyait pourtant connaître. Elle les redécouvrait sous un jour nouveau, et l’issue de ne pas être cette fois là trompé par ses sens, rajoutait à la magie du moment. Elle fit un petit tour sur elle-même, pour apprécier le panorama dans toute sa beauté. La villa ne se trouvait pas loin, elle repensa à son père en la voyant.

Katia donna un petit coup de pied dans le ballon. Elle avait manifestement sous-estimé sa force, il traversa le salon à la vitesse d’un boulet de canon et pulvérisa la fenêtre sur son passage, pour atterrir dans le sable deux mètres plus bas. Elle resta ébahi devant ce qui venait de se passer. Qu’est ce qui serait le plus dur, pensa t’elle ? S’arranger pour que ses parents ne remarquent rien, ou expliquer qu’elle ne voulait pas casser la fenêtre. Elle se rapprocha de la vitre brisée et en faisant une grimace du coin de la bouche, opta pour la seconde solution. La baie vitrée donnant sur la terrasse du balcon était handicapée d’une vitre, et le vent marin qui s’infiltrait à travers ne lui laissait aucune chance de camoufler son forfait. Elle sortit sur la terrasse en évitant sur le plancher comme elle le put les éclats de verres. Le ballon avait roulé un peu avant de s’arrêter sur la plage. Elle l’apercevait, immobile en bas, l’objet de son malheur. La vérité, c’était qu’elle s’ennuyait à mourir toute seule dans cette villa, et ce qui devait arriver, était arrivé, elle avait commis la boulette. La méga-boulette. Katia se rappela les paroles de sa mère avant de partir :
- Surtout ne joue pas au ballon dans la maison, va plutôt sur la plage.
Elle en avait assez de s’amuser seule, elle voulait une amie qui la comprenait, qui comprenait qu’elle détestait jouer au ballon. Qu’elle détestait tout simplement les ballons, tous les ballons. Voilà a quoi elle pensait quand elle avait cru donner juste un petit coup de pied dans ce ballon.

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